samedi 5 novembre 2016

Arnaud Montebourg : un néogaulliste

On me dit : "Le libéralisme économique est né en Angleterre, mais le libéralisme politique doit beaucoup à "l'esprit français", Montesquieu par exemple. On ne peut pas dissocier la démocratie et le marché."
Mais alors, de Gaulle était un dictateur et non un démocrate ? Car il ne souscrivait pas au libéralisme anglo-saxon, car il rejetait la liberté totale du marché, et les valeurs que cela véhicule ; et lui préférait un modèle plus conforme à l'histoire de la France, d'influence colberto-keynésiano-dirigiste. On voit que le bilan du général fut un véritable désastre (sic), avec les 30 glorieuses, la prospérité pour tous les Français, le plein emploi, l'enthousiasme, la joie de vivre pour la jeunesse qui a pu faire ainsi sa "révolution" qui était aussi une fête... au départ, avant de devenir aujourd'hui le cauchemar que l'on sait, par les conséquences néfastes que ce mouvement a eu sur l'ensemble de la société française, sur pratiquement cinquante ans, maintenant. Quel chef d'Etat français, a eu le bilan du général... absolument aucun ! Tu n'es pas républicain Emmanuel, tu es un démocrate au sens anglo-saxon du terme.
Au départ Emmanuel, j'étais issu d'un milieu plutôt bourgeois, la libéralisation du monde a entraîné ma prolétarisation spirituelle, et aux yeux de certains membres de ma famille, matérielle. Toi tu es issu d'un milieu modeste, on pourrait sans exagérer dire prolétaire, et par ton talent et l'ascenseur social, grâce au mérite républicain, tu t'es hissé au rang de notable bourgeois, je le dis sans aucun sens péjoratif, mais dans un soucis d'exactitude et d'objectivité. Donc tu défends les valeurs de la bourgeoisie dominante française : l'ultra libéralisme et la mondialisation, qui sont au fond des valeurs de droite, alors qu'au départ tu étais plutôt de gauche. Quant à moi issu d'un milieu plutôt bourgeois, je défends des valeurs de gauche, comme de Gaulle à mon sens, qui a toujours encouragé la redistribution sociale, et qui a assuré la prospérité des Français, pendant que les Anglais dans les années 60, privés de leur modèle économique ultra libéral périclitaient économiquement. Et que le monde entier, y compris les Etats-Unis, avait adopté en matière économique une politique de la demande, et de redistribution des richesses, d'inspiration keynésienne.
De Gaulle se réclamait au dessus du clivage gauche/droite, pour rassembler un maximum de Français. Ce qu'il a réussi : de certains communistes jusqu'à la droite, hormis celle de Jean-Marie Le Pen qui exécrait le Général, à cause de l'épisode algérien.
Montebourg se définit comme un gaulliste de gauche, j'adhère. J'aime le personnage, avec son côté un peu aristocrate d'ancien régime, dans sa façon désinvolte et légère d'aborder les problèmes, l'esprit français de légèreté quoi ! Éloigné de l'esprit de sérieux d'un Valls... Montebourg, avec sa colossale boutade sur "la cuvée du redressement", qui lui valut d'être viré "manu militari" du gouvernement Hollande, ce dernier, en tant qu'homme, qui a des airs de Guy Mollet, si peu charismatique, qui se prend tant au sérieux et qui est si ridicule et si peu aimé des Français... Montebourg est un homme d'esprit, ce qui a tant déplu à Valls, qui n'en a aucun... Ce n'est pas parce qu'on a de l'esprit et de l'humour, que l'on fait forcément de la mauvaise politique, c'était aussi le cas de de Gaulle : le meilleur homme d'Etat que la France ait jamais produit. Ce n'est pas parce qu'on fait de l'humour qu'on n'est pas sérieux, et plus profond que les autres au fond, car l'humour est la politesse du désespoir, et il y a effectivement certainement, un fond mélancolique et sans doute aussi même un peu triste chez Montebourg, ce qui le rend humain... Là où Valls a des côtés inhumains : il déteste l'humour, qu'il prend systématiquement pour une agression. Même si Dieudonné n'est pas ma tasse de thé, loin de là, on a vu avec quelle férocité il s'en est pris à l'humoriste : il y avait peut-être moyen de dialoguer avant de punir. Là où Elisabeth Lévy, pas réputée pour sa tendresse particulière, a tendu la main à l'humoriste pour tenter un dialogue. Valls a sabré, stigmatisé, ostracisé et livré en pâture l'humoriste à l'opinion publique.          
Et là où Macron fait preuve d'un dérisoire enthousiasme de "Golden Boy" de la City de Londres, complètement déconnecté de la réalité du pays, si ce n'est celle des bobos parisiens, des milieux artistiques et de la finance : les deux désormais ne sont pas incompatibles, avec l'engouement pour l'art contemporain...


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