Mais enfin Emmanuel soyons clair,
mai 68 fut-elle pour toi la révolution marxiste des prolétaires contre le
pouvoir capitaliste, une révolution où les travailleurs s'opposaient aux
"cadences infernales", et réclamaient de meilleurs conditions de
travail et salaires, et les étudiants bourgeois le droit de jouir plus, sans
autorité contraignante d'origine patriarcale, propre à la vieille société
française et gaulliste traditionnelle ? Ou bien une révolution, comme l'analyse
Régis Debray destinée à abolir la vieille société traditionnelle fondée sur
l'autorité, afin de s'adapter aux exigences du capitalisme ; destinée au fond à
adapter les travailleurs à une société capitaliste en mutation, souhaitant
tirer plus de profit de ses acteurs, avec l'arrière pensée de les soumettre à
terme, à des cadences encore plus infernales, sous couvert d'esprit de
rébellion et de jouissance : cadences plus infernales et salaires bloqués, qui
est la réalité des travailleurs aujourd'hui, à qui l'on demande toujours plus
de sacrifices ? Esprit de jouissance et de dérision, que réclamaient les étudiants
bourgeois de 68, aboutissant à la lente mais non moins systématique
déculturation de nos compatriotes, les première victimes étant les classes populaires
et les plus défavorisées, à qui l'on demande en compensation une plus grande
efficacité professionnelle : le but que recherchait les idéologues libéraux libertaires
(dont Minc et Attali sont les archétypes), pour qui - il ne faut quand même pas
déconner !-, compte plus encore le fric et le profit, que l'esprit de
jouissance et de dérision. Esprit de jouissance et surtout de dérision, que
l'on a donné au peuple et qui continue de se manifester dans des émissions
devenues débile, à la télévision, et dans tout un état d'esprit ironique et
moqueur, voire méchant, qui n'a cessé de se développer dans toutes les strates
de la société française, particulièrement chez les gens de ma génération et
toutes les suivants, qui sont les enfants puis les petits-enfants des boomers.
J'ai l'impression que tu étouffes totalement cette réalité là de mai 68, dont
au départ Debray fut l'éveilleur de conscience, et dont Zemmour, sans doute
plus caricaturalement, en s'en prenant aux musulmans (seul élément que l'on a
retenu de sa pensée pour le qualifier de raciste, puis de fasciste, à l'instar
d'un Finkielkraut), a repris le flambeau.
La gauche est en réalité "la
plus bête du monde", depuis 1983, et qu'elle a pris le tournant libéral,
et qu'elle continue de s'enfoncer dans cette voie, qui est un héritage au fond
de mai 68, alors que l'aile gauche du parti socialiste dénonce cet engrenage,
et à mon avis de façon pertinente. Reste à savoir si les Montebourg, Filoche,
Hamon, Lienemann, une fois au pouvoir, pourraient réellement faire autrement ; tant
la marge de manœuvre, imposée par la mondialisation, est de plus en plus
réduite, aujourd'hui bien plus réduite qu'en 1983. Désormais la caution
idéologique du nouveau conformisme libéral libertaire n'est plus mai 68, qui
est devenue un mythe un peu poussiéreux, mais la mondialisation, et l'exemple
de nos voisins européens, et à plus grande échelle, mondiaux. Et l'absence de
choix que nous imposent ces modèles, avec le chantage au chômage et au
déclassement social, que ne cesse d'agiter l'oligarchie cosmopolite,
déterritorialisée, multiculturaliste, libérale libertaire, bobo, qui détient
les manettes du pouvoir et de l'opinion : effectivement dans l'opinion se
répand un sentiment fataliste que l'on ne peut rien faire, ni changer, mais que
l'on peut seulement exécuter les ordres qui nous viennent "d'en haut",
toujours dans le sens de profits de plus en plus énormes pour une toute petite
minorité de privilégiés : l'hyper classe. Alors que la classe moyenne se
délite, et que les think tank libéraux libertaires ont programmé sa disparition
à terme : trop dangereuse, râleuse et revendicatrice.
Il y a longtemps que nous sommes d'accord sur Mai-68. Il y a eu d'un côté le plus important que l'on passe sous silence et dont tu parles longuement à savoir la plus grande grève générale en France de tous les temps qui a permis aux ouvriers et aux salariés dans leur ensemble d'obtenir des augmentations de salaire comme jamais ils n'auraient pu imaginer !
RépondreSupprimerDe l'autre il y avait des étudiants qui ont fait un barouf d'enfer avec leurs idéologies trotskistes et maoïstes et qui il faut bien le dire a abouti à tout ce que tu dénonces et j'ajouterais le développement d'un individualisme mortifère sans FOI ni LOI.
Les jeunes d'aujourd'hui, sans tomber dans un "jeunisme" politicien, sont les victimes des cerveaux décervelés de ces étudiants, de certains de ces étudiants bourgeois, qui "jouaient" à faire la révolution. On ne renverse pas un régime juste dans la quartier latin ... ! Il y avait aussi certains étudiants d'origine prolétaire et autres qui avaient l'impression d'étouffer sous le régime du Général. Aujourd'hui on sait qu'ils avaient tort mais c'est toujours après qu'on le sait ...
Je connais l'analyse de Zemmour et je la partage même si elle est incomplète : j'ai lu ses deux livres.
Aujourd'hui le combat est un combat contre la religion mondialiste qui s'impose (car c'est la religion sataniste de Mammon) et qui nous mène dans le mur où on veut gommer d'une racine chrétienne de notre civilisation, passée et présente (ce qu'il en reste ...). Si tu visionnes la vidéo que je t'ai envoyée sur l'éloge de l'héroïsme contre l'argent-roi je pense que tu t'y retrouveras. Les élites mondialistes nous mènent tout droit vers le CHAOS que l'on peut décliner dans tous les domaines, politique, géopolitique, économique, social, climatique, etc .... je te laisse continuer la liste ... nous sommes devenus des esclaves de cette pensée sans pensée, de cette civilisation sans Bien commun, etc ... le nihilisme qui n'est rien d'autre que la religion de Satan dont le but est de nous réduire en esclavage et même de faire disparaître toute trace d'humanité. Le mot esclave peut paraître fort au regard de notre confort, mais on y va, sûr, sûr, sûr ! Notre confort est très éphémère quand on y pense.
Sans le juste milieu d'Aristote et le sens du Bien commun de Saint Thomas d'Aquin, la nature ayant horreur du vide nous retombons dans la barbarie, nous tous, pas seulement les autres.
Pour ma part il ne peut y avoir que de sortie de cette crise civilisationnelle qu'en retrouvant les fondamentaux du christianisme d'avant le conciliabule de Vatican II. Il n'y aura pas de sortie strictement humaine, la solution sera surnaturelle ou ne sera pas ! Et comme Dieu ne nous abandonnera pas, c'est au moment où tout semblera humainement perdu que Dieu nous sauvera. Les différentes apparitions de la Sainte Vierge depuis 200 ans vont dans ce sens ainsi que l'Apocalypse de Saint Jean : pénitence, pénitence, j'écraserai l'antique serpent (les hérésies) de mon propre talon ! C'est le sens de ma démarche que j'essaie de mener tant bien que mal. Et plutôt bien que mal je l'espère.
Il faut prendre du recul Erwan par rapport à l'événementiel et rester bien soudé avec la famille que tu as fondée. Beaucoup de gens sont seuls et n'ont pas cette chance.