Jean-Frédéric Poisson, candidat à
la primaire de droite a prononcé la formule "lobby sioniste", puis il
s'est excusé, pour ne pas être ostracisé. Oui il a prononcé le mot qui tue.
Parce que la suspicion d'antisémitisme est la pire des tares, dans une société
qui a vécu récemment l'épisode hitlérien, auquel nous avons tous été
sensibilisé durant notre parcours scolaire, aussi superficiel fut-il.
L'opprobre était déjà tombé de façon spectaculaire sur Dieudonné, et sur des
penseurs marginalisés et ostracisés du débat public, comme le disait Patrick
Cohen ; les "cerveaux malades". Zemmour est un penseur paradoxal, qui
semble avoir la nostalgie d'une société française unie sous la bannière de
l'autorité patriarcale d'origine catholique au fond, sans comprendre peut-être
pleinement que la première minorité à avoir revendiqué pleinement sa différence
en France et obtenu des droits, est la communauté juive, là où les protestants
avaient échoué quelques siècles auparavant. Communauté juive à laquelle Zemmour
appartient, alors que la communauté musulmane qu'il stigmatise tellement
revendique son droit à la différence, sur le modèle de la communauté juive,
mais d'une façon beaucoup plus virulente et conflictuelle, propre à toute
rivalité mimétique (René Girard) : un exemple la plupart des musulmans ne
donnent même pas un prénom français à leurs enfants, à la différence de la
plupart des Juifs, jusqu'à récemment en tout cas. Il y a aussi le problème du
nombre, la communauté musulmane est beaucoup plus nombreuse que la communauté juive
en France. Même au sein d'une communauté comme la juive il existe des
différences, et des différences énormes, comme entre un Zemmour ou un
Finkielkraut attachés à l'identité française, et un BHL, plus enclin au
cosmopolitisme. Et donc parler de "lobby juif" est trop réducteur et
simplificateur, et dans des esprits simples peut générer des amalgames : ce que
ne cessent d'ailleurs de nous rappeler les médias et la pensée politiquement
correcte. Maintenant toutes les minorités s'engouffrent dans la brèche laissée
par le renoncement de l'autorité patriarcale d'origine catholique à affirmer sa
suprématie sur la société française. Renoncement qui s'explique aussi par
l'américanisation des mœurs, donc la libéralisation aux sens économiques et
sociétaux de la société, et surtout par la perte de la foi causée surtout par
le progrès des sciences et techniques, qui prouve quasiment radicalement et
définitivement, la non-existence de dieu. Renoncement de la notion d'autorité en
général, au nom du droit à la différence, qui finira par tuer la nation
française, dont la racine finalement était catholique, et dont les ancêtres
furent gaulois, même si pour la plupart des Français contemporains n'ont pas
d'ancêtres gaulois, il s'agit d'un mythe fondateur républicain destiné à faire
consensus, unité et autorité. D'où la résurgence de débats aussi conflictuels
et clivants, que la question de l'identité, puisque ce sont à leur tour les
Français de souche à se poser comme victimes à l'instar des Juifs et musulmans
: ce que montrent les manifestations de policiers se posant en victimes, alors
qu'ils sont sensés représenter l'autorité. Mais quelle autorité
représenteraient-t-ils, puisqu'il n'y a plus d'autorité en France ? Conséquence
sur la durée, des effets de mai 68, entre autre.
Ce que ne savait pas la
République, c'est que le principe même de son autorité se trouvait dans la
sécularisation du modèle d'autorité transmis par la religion catholique, et
qu'avec l'extinction et dissolution de sa racine catholique, elle perdait par
là même tout principe d'autorité. Donc la République ne fait plus autorité, et
toutes les minorités ou différences revendiquent des droits. Une précision,
Zemmour a la nostalgie d'une époque révolue où la République était plus
autoritaire, comme sous de Gaulle. "Nos ancêtres les Gaulois" est un
de ses mythes fondateurs, que tout le monde acceptait par esprit de consensus.
La République s'est fondée sur un modèle d'autorité qui faisait consensus et
unité, sur le modèle autoritaire du catholicisme, qu'elle a tout de suite vidé
de son sens spirituel, pour n'en garder que le modèle autoritaire et hiérarchique
: par analogie c'est pour cela que je dis que Zemmour a la nostalgie
"d'une autorité patriarcale d'origine catholique", alors que
paradoxalement il est d'origine juive, et qu'une telle nostalgie uniformatrice
d'origine catholique de l'époque gaulliste, ne devrait pas le toucher,
puisqu'il devrait en toute logique revendiquer sa différence. Peut-être a-t-il conscience, par une lucidité
particulière, à l'instar d'un Finkielkraut, que la société française privée de
tout principe d'autorité, risque rien de moins que la fragmentation, puis par
un jeu de dominos, l'effondrement, et que la seule autorité susceptible de
faire consensus en France, sous un habit républicain, est au fond d'origine
catholique ; alors qu'aujourd'hui ce sont les prédateurs libéraux libertaires, les
fauves de wall street, de la City et de la finance en général, qui nous
infligent leur réussite arrogante et méprisante, qui font autorité ; ou encore
l'idole fric, qui fait autorité, et qui influence les moeurs décadentes et
déculturées de nos contemporains. Emmanuel Mousset par exemple, je pense, mais
ce n'est qu'une hypothèse, est quelqu'un qui a une vision catholique du
fonctionnement de la République, son admiration pour elle consiste en une
métamorphose de son admiration enfantine, pour les rites de la religion
catholique : à l'échelle d'un individu, son exemple montre la nécessité d'une
racine catholique, comme principe nécessaire de l'autorité de la République.
Le philosophe : "Oui, les
policiers à leur tour, suivant la mode ambiante, posent en victimes, ce qui est
un comble quand on a pour métier de protéger les victimes.
Le catholicisme, ou plus
exactement l'Eglise comme modèle de structuration de la société française,
c'est du Maurras, qui débouche non sur la République, toujours un peu
bordélique, mais sur la monarchie absolue, ou plutôt son fantasme d'autorité.
Ce même Maurras a d'ailleurs été condamné par le Vatican, y voyant à juste titre
une instrumentalisation de la religion."
Le principe de l'autorité dans la
société française contemporaine serait donc, le mérite. Il y a aussi la
question de la vérité, puisque la philosophie pendant des siècles s'est posée
la question de la validation de la vérité scientifique. Aujourd'hui finalement
la vérité et le mérite font autorité, on ne peut plus mentir avec des fables
comme la religion, qui imposent un dogme, une croyance, une autorité, de
l'extérieur. Aujourd'hui l'autorité est sensée s'affirmer elle-même de
l'intérieur, et ses principes de validation sont le mérite républicain, et la
vérité. Ce qui semblerait constituer un progrès incroyable et fabuleux. Si on y
regarde de plus près cependant, comment se fait-il que la vérité ne parvienne
pas du tout à résoudre tous les problèmes qui se posent dans la société
française, bien au contraire les exacerbe ? Qu'il y ait tant de frustrés qui
ont la nostalgie du passé et de l'autorité, et souhaitent un retour en arrière
? Parce que la vérité ne se trouve pas en réalité dans la vérité scientifique
objective, mais la vérité est propre à chacun, subjective, et vise à la
réalisation de soi, par le bonheur et l'épanouissement personnel : un leurre
bien sûr, personne n'y arrive. Hormis ceux qui marchent finalement
scrupuleusement dans les traces du mérite républicain, et de la vérité validée
par les sciences : d'où l'importance de l'éducation, qui sans autorité est
malheureusement non opérante : on en arrive à un paradoxe, l'école voudrait se
passer d'autorité, mais la vérité n'arrive pas à elle seule à avoir assez d'autorité
pour rendre efficiente l'éducation, et l'autorité que l'on a voulu supprimer et
évacuer par une porte, devra bien faire son retour par une autre porte, si l'on ne
veut pas que l'ensemble du système s'effondre.
La société pourtant semble pleine
de bonne volonté, tout le système semble bon et vise à l'épanouissement de
chacun par l'école. Tout n'est qu'une question de bonne volonté et de
mérite, et ceux qui sont "exclus", soit font preuve de mauvaise
volonté, soit sont des malades. En réalité, je ne souscris pas du tout à cette
vision républicaine de la laïcité, du mérite, de l'éducation, qui a voulu
totalement évacuer l'héritage de l'autorité patriarcale, par la révolution de
mai 68, qui aboutit aux violences que l'on connaît dans les établissements
scolaires, et l'impossibilité d'enseigner dans certaines zones sensibles Je
suis en désaccord avec le monde moderne, mais je n'ai effectivement rien à
proposer en échange.
Je suis un lecteur du blog d'Emmanuel Mousset, mais j'interviens ici, pour dire que la République est un mot-valise, polysémique qu'Erwan Blesbois emploie dans le sens et l'esprit de la IIIè République. C'est un concept apparu lors de l'antiquité grecque dans le cadre d'une cité notamment Athènes où les femmes, les étrangers ( métèques) et les esclaves n'avaient pas droit civiques.Donc l'autorité n'est pas l'apanage de la République, bien d'autres régimes sont détenteurs d'autorité sans être républicains.
RépondreSupprimerLes policiers sont de plus en plus sollicités alors qu'ils sont de moins en moins nombreux. Ils sont de plus en plus victimes de leurs devoirs puis qu'entre 2009 et 2015 le nombre est passé de 230 à 430. De même les enseignants sont de plus en plus victimes d'agression verbale, physique et morale. De la même façon le personnel hospitalier l'est aussi, dans les hôpitaux il est précisé par affiche que toute agression contre le personnel sera l'objet de poursuites civiles et pénales. Même chose à La Poste où toute personne agressive peut voir son compte chèque postal fermé d'office sur requête d'un responsable hiérarchique d'une agence. Que faut-il de plus à Emmanuel Mousset pour réaliser que quelque chose ne va plus dans ce pays? A Viry-Châtillon des policiers, qui, comble, se contentaient de surveiller des caméras de surveillance ont été délibérément agressés avec une claire intention de tuer des policiers. Déjà dans mon quartier parisien en 2002 que j'habitais alors, j'ai vu des policiers et des pompiers agressés alors qu'ils venaient éteindre un incendie. De plus en plus tout détenteur d'autorité est suspect pour une partie de plus en plus grande dans certains endroits de notre pays "les territoires perdus de la République".
Face à cela la pire des politique est celle de Monsieur Mousset, la politique de l'autruche. La culture libérale-libertaire de nos élites ne leur permet pas d'affronter avec la lucidité requise les problèmes auxquels elle est confrontée. Il va de soi que ce problème est autant celui de la droite que de la gauche. Ou bien le réflexe pavlovien d'y voire la main du FN. C'est tellement plus confortable.
Quant à Maurras c'est notre "antéchrist français"... Il était agnostique alors qu'il était à la tête du plus grand mouvement monarchiste français. On connaît la suite : Dieu lui a barré la route grâce à Pie XI. D'une façon générale je ne souscris à aucune coterie monarchiste quelconque : ce sont des mondains qui font passer Dieu après leur "roi" ... No comment !
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